Les intervenants


Yogi Rodolphe MILLIAT

Initié très jeune au Haṭha Yoga, Rodolphe Milliat reçoit pendant 8 ans l’enseignement de Bellur Krishnamachar Sundararaja (BKS) Iyengar. Puis il vient à rencontrer en 1986 celui qui deviendra son maître, Srī Srī Srī Saccidānanda Yogi de Madras, le Yogi silencieux. Il le sera physiquement jusqu’en 2006 où Svāmiji s’est éteint le 5 septembre à 13 heures, à Vishakapatnam, en Andhra Pradesh, âgé de 96 ans.

« Svāmiji était considéré par ses compatriotes indiens comme un véritable « rishi » des temps védiques qui avait traversé les époques pour témoigner que cette forme de réalisation spirituelle a bien existé, et qu’elle est transmissible aux contemporains que nous sommes. Il a grandi dans la tradition dravidienne et la culture Telugu. Ses pérégrinations l’ont amené, comme tous les yogis itinérants, à parcourir l’Inde éternelle dans tous ses lieux sacrés et ses centres spirituels. Il s’est ensuite fixé à Madras pour y enseigner le yoga et recevoir ses disciples. Srī Srī Srī Saccidānanda Yogi était le dernier des grands yogis du 20ième siècle (jeûne de 24 mois, samādhis répétés de plus d’un mois, visualisation du soleil trois heures par jour, chaque posture inversée pratiquée trois heures quotidiennement, etc.).

Svāmiji possédait trois modes de communications distincts. Le premier, le plus accessible, était le mode pratique : « Faites ce que je vous montre, avec moi, en même temps que moi, et laissez-vous porter par ma présence ! N’ayez crainte ! Pratiquez en toute confiance et vous repousserez vos limites pour votre plus grand bien ! Mais d’abord, mangez moins et travaillez plus ! ». Ce yoga n’était pas pour les tièdes ni pour les bavards mais il détenait une réelle puissance d’éveil.

Le deuxième niveau de communication passait par l’écrit. Svāmiji était un érudit Telugu et s’exprimait par écrit dans une langue littéraire assez difficile à comprendre pour ses compatriotes, d’autant plus difficile à traduire aux occidentaux. Grâce à lui, nous voyagions mentalement dans les Epopées et les Purāna ; nous devenions familiers des rois légendaires et des ascètes héroïques. Lui-même n’était-il pas fait de ce même bois, tant il leur ressemblait, par son aspect physique et sa détermination surhumaine ? Le roi Janaka semblait être son compagnon le plus fidèle parmi les anecdotes qu’il choisissait pour nous éduquer dans la réalité présente. Cette forme d’enseignement avait le pouvoir de dissoudre le temps historique, tout comme de l’étirer dans son instantanéité. Ainsi, pouvions-nous passer dix heures sans interruption pour une seule et même conversation.

Le troisième mode était d’un ordre spirituel, non verbal et indépendant de tout enseignement pratique. Lorsqu’il posait ses yeux sur nous, il nous regardait dans notre transparence. Il nous mettait à nu, y compris dans le passé et le futur, sans jamais nous blesser dans notre intimité. Il avait le pouvoir de lire tout ou partie de nos trajectoires individuelles, mais il avait renoncé à nous en révéler la teneur ou les détails. Il nous aidait simplement à accomplir notre destin. Cet aspect relationnel ne se manifestait qu’auprès de ses disciples. Svāmiji n’avait aucun goût pour la séduction de masse ou la démonstration de prestige. Il préférait les comités restreints, avec des disciples capables de tenir une ascèse et de respecter leurs engagements. C’est pourquoi la plupart des hommes et des femmes qui l’ont croisé un jour ou l’autre dans le monde du yoga en sont restés à la vision trompeuse d’un yogi de l’extrême, au comportement très surprenant et aux exigences techniques trop élevées. Mais il n’en était rien, car derrière la façade traditionnelle se cachait un homme de cœur et d’éveil. Son regard en témoignait. Lorsque nous nous trouvions dans sa périphérie, ou dans son « périmètre énergétique », nous étions alors saisis au plus profond de l’âme, envahis par une vague de bonheur et de paix, reconnaissants par le cœur, muets par la pensée et figés dans un corps transfiguré. Ce darshan était celui d’un maître authentique, portant la promesse de l’éveil et témoin d’une réalité qui dépasse les contingences quotidiennes. Il subsiste aujourd’hui cette puissance d’éveil, cette communication spirituelle et subtile qui nous accompagne et persiste au-delà de sa présence physique. » Yoga l’Elixir de Vie (IUE juillet 2006) – Rodolphe MILLIAT

A l’initiative de Srī Srī Srī Saccidānanda yogi de Madras, Rodolphe fonde avec son épouse en 1991, le Srī Kailāsa Ashrama puis ouvre le Centre d’Etudes et de Formation en Yoga Traditionnel de l’Ouest – Bretagne (CEFYTO) en 1993, où il enseigne le Yoga et la philosophie indienne. Des séminaires et des groupes de travail y sont accueillis toute l’année, centrés principalement sur la pratique du yoga, proposant des formations et post-formations d’enseignants de yoga. Cette école de yoga a pour objet de favoriser toutes les formes authentiques traditionnelles de la spiritualité indienne, ainsi que de promouvoir toutes les manifestations culturelles qui pourraient l’illustrer.

Rodolphe est profondément lié à son maître Swāmi Saccidānanda, qui lui a révélé sa connaissance du yoga et les a encouragés à fonder cette école, de même qu’il a baptisé leur ashram. Son enseignement est à la fois original et profondément ancré dans la tradition dont il est issu. Il enseigne, dans une pratique évolutive et personnalisée, le Haṭha yoga : pratique posturale (āsana), utilisation et maîtrise du souffle (prānāyāma), techniques de purification (kriya), bandha, mudrā, concentration, visualisation, contemplation (dhārana, dhyâna), symboles visuels, supports de méditation et de prière (yantra, mantra, mandala). Il initie à la Mantra sādhanā, démarche spirituelle utilise le chant sanskrit comme moyen d’extase. A travers le dialogue des chants, elle insiste sur l’émission et la perception de la vibration sonore.

Responsable pédagogique du CEFYTO, Rodolphe a suivi des études d’éducateur spécialisé à l’Ecole de Formation Psychopédagogique de L’Institut Catholique de Paris, pratiqua la psychothérapie en institution (le Trait d’Union) auprès de toxicomanes adultes, assura l’animation de groupes thérapeutiques et la pratique du yoga en milieu carcéral. Il étudie le sanskrit depuis 1997, et est enseignant formateur à la Yoga University de Villeret (Suisse) depuis 1996.

Auteur du « Haṭha yoga et kundalini », du « Regard sur le yoga », du traité de prānāyāma « Le passage du souffle » et de la « Pédagogie des Asanas », Rodolphe anime les éditions India Universalis (département consacré à l’édition d’ouvrages sur la Yoga, la Philosophie, les Traditions et les Cultures indiennes : livres, posters, CD) et y publie des œuvres philosophiques et des traductions nécessaires à la connaissance de la culture et de la mystique indienne.

Site Internet Rodolphe MILLIAT : http://www.cefyto.fr/